Je me lève à 6h45. Je quitte à 8h30 le camping après avoir discuté avec mes voisins arrivés la veille. C'est un couple vivant à Valencia en Espagne. Lui est Argentin, elle est Allemande. Ils sont très intéressés par mon périple. Ils ont également fait le chemin de Compostelle à vélo au départ de Saint Jean Pied de Port. D'autres couples français viennent me saluer, tous admiratifs de mon périple.
Aujourd'hui, je rencontre le Haut Atlas avec le Djebel Armardma puis le Djebel Amsittele. Le dernier culmine à 907 mètres. Je traverse une région plantée d’arganiers appelées aussi “arbres à chèvres”. On produit dans cette région de l'huile d'argan pour l'alimentaire et la cosmétique. Les exploitants sont regroupés en coopératives. Bon nombre d'entre elles sont des coopératives féminines où travaillent uniquement les femmes des villages. Comme toujours, une ribambelle d'enfants à vélo ou à pied essayent de me suivre en s'agrippant au vélo.
A treize heures, je déjeune dans un village agricole à Tanamar : côtelette d'agneau grillée salade. Je paye probablement le double du prix pratiqué pour les villageois, mais qu'importe. A la fin du repas, le patron, le cuisinier, le serveur sont assis à ma table. Nous parlons du vélo, du GPS, et de mon voyage ...
Je quitte la nationale Essaouira/Agadir pour rejoindre un camping en bord de mer à Imsouame. Ce changement de route rallonge mon parcours d'une trentaine de kilomètres, mais je n'ai pas le choix car c'est le seul camping avant Agadir. Je ne regrette pas le choix de mon escale. Ce village de pêcheurs d’origine berbère, au pied de l’Atlas est vraiment pittoresque. Il comprend plusieurs écoles de surf. Ici la “planche” est reine. J’accède au camping par une piste à deux kilomètres du village.
Après l’installation de ma tente, je décide de rejoindre le village à pied. Pour cela je repère un sentier qui me fait descendre jusque l’embouchure d’une rivière asséchée. Je la traverse sans difficulté en marchant sur des gros galets charriés par le courant pendant la période hivernale. Par ce chemin, le village est à 500 mètres du camp.
Je me rends dans l’un des cafés du village qui fait aussi occasionnellement restaurant et “Point Internet”. Il m’est impossible de transmettre mes photos car ici, il n’y pas l’ADSL. Un match de foot est retransmis à la télévision. Une quarante de jeunes sont rivés devant l’écran. L’ambiance est animée. Les marocains sont des “fans” du Real Madrid et du FC Barcelone. J’avais déjà pu constater cette ferveur dans les bars à Casablanca.
Je dîne en terrasse. J’ai pour voisins de table, plusieurs jeunes couples avec de jeunes enfants. Ils sont polonais, canadiens, marocains et parlent tous excellemment le français. On échange sur mon périple. Ils sont impressionnés et très admiratifs. Cette ambiance à la terrasse d’un café d’un petit village du sud marocain à l’écart de tout, en compagnie de gens de multiples nationalités me donnent une sensation étrange et agréable. Je savoure ces instants. Je sais que c’est ma dernière nuit en camping au Maroc. Demain, je serai à Agadir.
Il est déjà tard, et je ne me suis pas rendu compte qu’il fait maintenant totalement nuit. La rue n’est pas éclairée et le clair de lune me permet à peine de distinguer mon chemin. Tant bien que mal, je m’oriente vers la rivière que je vais devoir à nouveau franchir, mais cette fois dans l’obscurité. Avec seulement la lumière de mon portable, j’arrive au bord de la rive, mais je ne sais pas ou traverser pour atteindre le sentier qui me conduira à un petit portillon d’accès au camping.
Un jeune a compris ma difficulté et vient à mon aide, puis suivra un second. Tous les trois, nous franchissons la rivière d’une largeur de vingt mètres non sans risque de chute dans les galets. Après être parvenus sur l’autre rive nous recherchons le sentier qui conduit au portillon du camping. Mes compagnons ne me lâchent pas. Chacun de nous cherche le bon accès. Finalement, c’est moi qui retrouve le bon chemin. Je remercie chaleureusement mes deux compagnons qui, le coeur sur la main, n’ont pas hésiter à m’aider au risque de faire une chute dans l’obscurité.
Je passe ma dernière nuit de camping au Maroc dans ce petit village. Le camping est vide. Demain matin, je réveillerai le responsable du camp pour m’acquitter de mon séjour (60 dirhams = 6 Euros).
Distance parcourue : 98,31 Km
Temps sur le vélo : 5h46
Moyenne horaire : 17,46 Km/h